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Comment j'ai appris ma première ouverture aux échecs

Comment j'ai appris ma première ouverture aux échecs

louisathomas
| 100 | Pour les débutants

Lorsque j'ai commencé les échecs je ne savais pas vraiment comment débuter mes parties.

A cette époque je regarde ma rangée de pions et je me demandais bien lequel je devais pousser en premier. Ou bien j'envoyais un cavalier en premier et j'espérais que ça se passe bien. Il y a 20 premiers coups possibles aux échecs, et après que les deux joueurs aient joué au deuxième coup il y a 400 possibilités. Je savais bien que le calcul et la stratégie étaient les clefs pour remporter une partie, mais comment pouvais-je planifier ce qu'il allait arriver ou ce que je devais faire. Alors que tout ce que je voyais des intentions de mon adversaire était un pion poussé en g3?

J'étais alors heureuse de voir qu'il y avait des ouvertures connues que je pouvais apprendre. Le plus je pensais à cela le plus j'étais heureuse de me dire que je ne devrais pas deviner quel coup est le bon. Je n'aurai pas à deviner le bon coup, je le connaitrai. Je commencerai mes parties avec une idée (et encore mieux!) je n'aurai pas à créer un plan. Je suivrai les coups des meilleurs joueurs d'échecs de l'histoire, faisant confiance à leurs expériences, leurs analyses et leur compréhension. Je commençais à peine les échecs, mais eux avaient déjà trouvé les gambits et leurs réfutations au cours des siècles.

C'était comme jouer au Bastekball en pouvant recopier les lancer-francs de Michael Jordan.

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Pensez à cela. Pour quelques coups je pourrai jouer Magnus Carlsen, Garry Kasparov, Karpov, Fischer, Capablanca, ou Lasker. En lisant la feuille de partie personne ne pourrait voir la différence!! J'aurai une excellente ouverture, même si, en milieu de jeu je ferai inévitablement des imprécisions et des gaffes voyant tout s'écrouler!

J'ai rapidement réalisé qu'il y avait un problème. Afin de jouer les premiers coups théoriques des différentes ouvertures je devais les apprendre. Et pour moi c'était difficile. Le moindre coup peut changer toute la dynamique d'une partie. Lorsque je jouais l'Anglaise, occasionnellement je réussissais à gagner la tour adverse le long de la longue diagonale, mais le plus souvent, je laissais mon adversaire fermer le centre. Je jouais alors pendant un bon bout de la partie avec un fou de moins (enfermé)! J'ai essayé le Dragon accéléré mais j'étais toujours piégée par l'étau de Maroczy.. J'ai joué la Grunfeld mais je ne me rappelais jamais quand jouer d5. J'ai tenté la Française mais à la fin de la partie j'étais surprise d'apprendre avoir joué la Slave. J'ai vu mon Hollandaise se faire détruire par le pion "h". Mon Est-Indienne me laissait toujours un pion "d" isolé

Je ne savais pas quels coups étaient théoriques et quels coups étaient réfutables. Avec régularité j'étais en panique dès le sixième coup (parfois déjà seulement trois!). J'essayais de jouer comme Magnus mais finalement je jouais comme moiI

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Mon fiancé regardait et analysait mes parties. Il voyait une grossière erreur dans les cinq premiers coup ou bien remarquait que j'avais utilisé 1 minutes et 46 secondes pour jouer le coup libérateur standard c5.

“Tu sais ça,” disait-il gentiment pour m'encourager. “C'est la théorie.” Ah oui la théorien je pensais. Les commentateurs sur ChessTV  parlaient toujours de la théorie pour accepter un rejeter un coup. La théorie semblait alors être un genre d'entité magique!  Mais la théorie était un fléau pour moi. C'était la muse qui refusait de me parler.

Une grande partie du problème vient du fait que j'ai une très mauvaise mémoire. Une vraie passoire. Peut-être ma mémoire n'est pas si mauvaise mais elle est simplement pleine. Comment puis-je me rappeler de la réfutation de la Trompowsky lorsque je dois aussi me rappeler de tout un tas de mes cartes de fidélité chez les compagnies aériennes? Comment puis-je me rappeler de la Catalane, lorsque tout l'espace libre dans mon cerveau est dédié aux contes de Canterbury

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Je ne me rappelais pas de l'ouverture jouée dans une partie simplement quelques minutes après l'avoir terminée. Et évidemment je ne pouvais pas me rappeler de toutes les lignes dans une ouvertures-- souvent même pas la ligne principale

Un jour il y a quelques mois, j'ai eu une idée de génie avec les blancs: Le système de Londres! 1. d4, 2. Ff4, construire une pyramide, développer et les pièces mineures et la partie peut commencer. Je ne devrai pas me rappeler de toutes ces lignes! Les coups de l'adversaires n'auront pas d'importance! C'est quelque chose que je ne devrais pas dire fort, et en fait, même pas silencieusement à moi-même. Bien sûr je faisais attention aux coups joués par mes adversaires, me disais-je. Bien sûr je dois décider de mon coup en fonction du coup joué par mon adversaire. Mais la vérité c'est que je ne changeais pas vraiment mes plans, je faisais simplement quelques petits changements superficiels (simplement pour me dire que je changeais quelque chose), en réalité j'attendais juste que ma pendule comment à tourner pour jouer mon coup comme si il n'y avait pas de pièces noires en face!

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Parfois ça marchait plutôt bien pour moi. Je réussissais à lancer de belles attaques sur le roi. Je pensais que je trouverai un style de partie qui me conviendrait, soulignant mes points forts et minimisant mes points fables (et particulièrement ma mémoire défaillante). Mais il y avait autant de mauvaises parties que de bonnes. Un cavalier pouvait pénétrer ma pyramide et voler ses trésors. Un simple petit pion, jouant un coup prévisible mais pas anticipé était capable de détruire toute ma construction.

Le problème que tout le monde pouvait constater autour de moi c'est que je jouais le système de Londres comme un système et non pas comme une ouverture. Au lieu d'exploiter le point fort de cette ouverture; sa flexibilité, je suivais les règles rigidement.

Je le faisais car je pensais pouvoir me rappeler de simplement trois ou quatre coups. Et je le pense encore aujourd'hui. Il y a des ouvertures que je ne dois pas essayer encore aujourd'hui, car elles contiennent trop de nuances et de théorie (ah la théorie!). Mais ce que j'avais vraiment oublié c'était le but primordial des ouvertures. Si vous voulez contrôler le centre et qu'ils vous laissent jouer e5, alors jouez e5. De quel côté roquer? quelles cases l'adversaire souhaite contrôler? Vers où regardent leurs fous? Toutes ces questions sont très basiques, mais pour moi il est simple de les oublier car je ne me rappelle plus du coup à partir du 6e de la Française  Winawer et que je cherche dans mon cerveau au lieu de chercher sur l'échiquier. Tout cela parce que je pensais être capable de tout mémoriser

J'ai donc arrêté de jouer systématiquement le système de Londres et quand je l'ai joué j'ai tenté de le jouer comme une ouverture, ou tout du moins j'essayais. J'essaie de jouer différentes ouvertures me rappelant que le plus important est d'être attentive à ce qu'il se passe sur l'échiquier.

Je tente de me rappeler de cette liste de questions:

  • Ne pas compliquer la partie sans raison.
  • Chercher quelle est le meilleur coup de l'adversaire et notre meilleure réponse.
  • Faire sa vie plus compliquée et la mienne plus simple.

Il est vrai j'oublie parfois ces règles. En fait je me demande souvent si je fais encore des progrès. Je ne sais pas, mais j'espère

Mon fiancé et moi regardions le Titled Tuesday et Magnus Carlsen a joué le système de Londres.

“Regarde,” m'a dit mon fiancé. “Il n'a pas construit sa pyramide. Magnus ne connaît probablement pas le système”

“Honte à lui,” ai-je répondu


nullLouisa Thomas est une écrivaine Américaine auteurs de deux livre (dont: "The Extraordinary Life of Mrs. Adams"),Une contributrice régulière au site NewYorker.com, elle a aussi par le passé écrit pour Grantland.com, et elle est "obsédée" par le tennis et les échecs. Vous pouvez la suivre sur Twitter. 

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