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La batterie dévastatrice

La batterie dévastatrice

Gserper
| 129 | Théorie des ouvertures

Toute la communauté échiquéenne a été cueillie par la performance désastreuse de Garry Kasparov dans la première moitié de la section de blitz du Grand Chess Tour Zagreb. Bien qu'un maigre demi-point récolté en 9 parties soit effectivement catastrophique, je ne suis pas du tout d'accord avec ceux qui estiment que c'était le pire résultat jamais obtenu par un Grand Maître. Tout d'abord, c'était du blitz ! Même certains tournois à cadence classique ont été témoins de désastres similaires. 

Garry Kasparov
Kasparov loin du résultat escompté à Zagreb. Photo : Lennart Ootes/Grand Chess Tour.

Qui pourrait oublier le match des candidats entre Bobby Fischer et Mark Taimanov, ou celui entre l'américain et Bent Larsen ? Tous deux se sont terminés sur le même score radical de 6-0. Les tournois de rapides et blitz sont notoirement volatiles - une fois que vous commencez à perdre, on manque tout simplement de temps pour se calmer et retrouver ses esprits. C'est ainsi qu'un GM de premier plan, Alexei Shirov, a signé le score de 0,5 sur 9 lors du Keres Memorial Rapid 2006 alors qu'il était tête de série numéro 2 et classé 2710. Il a réalisé une performance finale à 2139 !

De plus, les nombreuses affirmations selon lesquelles Kasparov a obtenu le pire résultat de tournoi de sa vie sont fausses. Voici comment l'Ogre de Bakou cite Valery Asriyan dans son livre Kasparov on Kasparov 1973-1985 :

"Un garçon mince, vif, aux yeux sombres, se tient debout avec sa mère, attendant le moment où les arbitres inviteront les joueurs à prendre place devant l'échiquier. Nous - un groupe de Candidats-Maîtres, qui n'en était pas à sa première participation à un tel tournoi - regardions avec intérêt cet "enfant" qui avait déjà fait sensation en se qualifiant pour la demi-finale. Nous ne savions pas grand-chose de lui : il s'appelait Garik Weinstein et s'entrainait au Palais des Pionniers avec le coach Oleg Privorotsky. Et de temps en temps, chacun d'entre nous pensait anxieusement : "Supposons que je perde contre ce garçon ? Ils vont tous se moquer de moi ! Les choses se sont bien passées. Le seul dont ils se sont moqués (et, comme il est apparu rapidement, à tort) fut Slava Gadzhikasumov. Garik a perdu les huit autres parties des neuf premières rondes, puis a éclaté en sanglots, et sa mère l'a emmené, ne lui permettant pas de terminer le tournoi."

Garik a perdu les huit autres parties des neuf premières rondes, puis a éclaté en sanglots, et sa mère l'a emmené, ne lui permettant pas de terminer le tournoi.

Valery Asriyan (cité par Kasparov)

Outre son résultat global, la partie suivante risque de hanter Garry durant des années :

Les joueurs moins expérimentés se demandent probablement pourquoi les noirs ont abandonné dans la position finale. Eh bien, les blancs ont deux terribles menaces : ouvrir la colonne -e en jouant 8.exd4 et jouer 8.Cg5 pour gagner le pion f7, tout en détruisant complètement la position noire. Néanmoins, dans une des parties où cette position s'est produite, les noirs ont décidé de continuer le combat et ont même réussi à l'emporter !

Bien que cet exemple renforce le propos de mon ancien article "Pourquoi vous ne devriez jamais abandonner", je ne pense pas que Kasparov aurait eu une chance réaliste contre un joueur aussi brillant que Shakhriyar Mamedyarov. Aujourd'hui, je voudrais discuter de cette puissante configuration d'attaque qui a forcé Kasparov à abandonner en seulement sept coups.

L'une des premières choses que nous apprenons lorsque nous commençons à jouer aux échecs est que la case f7 est l'endroit le plus vulnérable dans la position initiale. La puissante combinaison associant Dh5 et Fc4 est ainsi une arme de choix pour la plupart des débutants. Mais il existe une autre façon d'attaquer le pion f7 en utilisant votre dame et votre fou de cases blanches. La batterie Db3/Fc4 n'est peut-être pas aussi populaire que celle Dh5/Fc4, mais elle est néanmoins assez dévastatrice, comme le démontre la partie Mamedyarov- Kasparov.

Gioachino Greco a découvert la puissance de cette batterie il y a 400 ans et c'est ainsi qu'est née la célèbre "Attaque Greco" :

Le même dispositif a permis à Morphy d'inscrire son nom dans l'histoire avec sa célèbre Partie de l'Opéra.

Bien que cela ne soit pas très courant, les noirs peuvent user du même schéma ! En voici une illustration dans une partie disputée entre deux amateurs :

Vous aimez cette configuration d'attaque ? Eh bien, j'ai de bonnes nouvelles pour vous. Il existe une ouverture qui est spécifiquement conçue pour exécuter ce schéma. Bien sûr, je parle de ce bon vieux Gambit Evans. Voici deux parties de champions du monde qui subliment très bien ce concept :

Bien que cette batterie Db3/Fc4 soit extrêmement dangereuse, il ne s'agit pas non plus d'une arme miracle synonyme de victoire automatique. Voici deux autres parties de champions du monde où ce dispositif s'est retourné contre eux :

Si vous n'avez jamais utilisé ce schéma d'attaque dans vos parties je vous recommande vivement de l'essayer. Tout d'abord, vous devez absolument vous familiariser avec cette arme puissante. Et puis, quel que soit le résultat de votre partie, je vous garantis beaucoup de plaisir et d'aventure !

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