Magnus Carlsen connait ses finales, et vous ?

Pratiquement tous les forts joueurs de l'ex-Union Soviétique ont fait leurs premiers pas aux échecs dans le Palais des Pionniers de leur ville (centre de récréation pour la jeunesse). Tous les enfants y étaient acceptés, même ceux qui ne connaissaient pas les règles du jeu. Afin d'assigner les joueurs à un groupe qui correspondait le mieux à leur niveau, tous les nouveaux venus devaient passer un test très rapide. 

Un célèbre entraîneur soviétique, Vladimir Zak, décrit l'un de ces tests dans son livre The Ways of Chess Improvement (Les moyens de s'améliorer aux échecs), dont j'ai déjà évoqué les qualités il y a quelque temps. Il raconte qu'en 1958, il a proposé de jouer à un jeune garçon, et qu'après les coups 1.e4 a5 2.d4 h5, Zak a stoppé la partie et a suggéré aux parents du garçon qu'il rejoigne un groupe de débutants. Les parents étaient furieux et ont déposé une plainte au directeur du Palais des Pionniers. Je suppose que certains parents norvégiens pourraient également l'avoir en travers de la gorge si leur enfant se retrouvait assigné à une section débutante pour avoir joué 1.f3 e5 2.Rf2...

Je me souviens très bien du premier test que j'ai passé au Palais des Pionniers :

On m'a donné la possibilité de choisir le camp que je préférais dan la position ci-dessus et d'ensuite jouer mon premier coup. J'ai logiquement opté pour les blancs, et sans hésiter j'ai poussé le pion e2 en e4. Comme j'ai échoué au test, un entraîneur m'a montré la bonne façon de mener cette finale et j'ai été rapidement envoyé dans un groupe de débutants. Était-ce trop sévère de juger le niveau d'un enfant aux échecs en se basant sur une seule position ? Je ne pense pas. Je me souviens d'une blague d'un Grand Maître étranger qui visitait l'Union Soviétique pour la première fois. Il disait que dans son pays, la phrase "Je joue un peu aux échecs" signifiait qu'une personne pouvait tout juste distinguer un cavalier d'un fou. En Union Soviétique, pareille affirmation impliquait une connaissance des 10 premiers coups de la Sicilienne Najdorf. Il était donc à mon avis raisonnable de supposer que seul un débutant ne connaîtrait pas une finale aussi basique.

D'ailleurs si vous ne savez pas pourquoi mon coup e2-e4 était une erreur et que le seul coup gagnant était Re3, je vous recommande de consulter mon ancien article où nous analysons ce genre de finale.

Comme vous pouvez le voir, dans les finales de rois et pions, tout est question d'opposition, mais parfois même les Grands Maîtres l'oublient. Voici quelques erreurs surprenantes :

Regardons à présent une finale dans laquelle le plus grand espoir mondial s'est emmêlé les pinceaux dans une position pourtant évidente pour un joueur de ce niveau. L'idée défensive clé était de conserver l'opposition à distance.

Comment un joueur aussi talentueux a-t-il pu perdre de la sorte ? Regardez cette vidéo (en anglais) pour plus d'explications :

Quand la finale de pions est apparue sur l'échiquier, il ne restait que 30 secondes à la pendule à Firouzja, ce qui devrait être largement suffisant avec l'incrément pour sécuriser la nulle. Cependant, il s'est montré extrêmement nerveux - sans doute l'aura du champion du monde - et lorsqu'il a commis l'irréparable, il ne comptait plus que deux malheureuses secondes. 

Que devriez-vous faire pour éviter de telles désillusions ? Premièrement, assurez-vous de maitriser le concept d'opposition puis pratiquez, pratiquez, pratiquez jusqu'à ce que vos coups deviennent automatiques dans ce genre de situations. Vous devez être capable de répondre du tac au tac !

Heureusement, dans notre section d'exercices intensifs de chess.com, vous retrouverez exactement ce genre de finales.

Si vous avez fait vos devoirs et vous sentez confiant pour défendre la finale mieux que Firouzja, essayez alors d'annuler dans la position suivante :

Note de l'éditeur : Aujourd'hui (2 novembre 2020) au Speed Chess Championship, Carlsen a démontré avec humour sa connaissance encyclopédique des finales :