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Ouvrez l’œil : L'art d'observer le jeu adverse
Regardez bien votre adversaire !

Ouvrez l’œil : L'art d'observer le jeu adverse

Silman
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En avril 2016, j'ai écrit un article intitulé "Danser tout seul" (en anglais).

Après avoir observé de nombreuses parties d'amateurs (sur Chess.com et en tournois) et même de joueurs titrés, j'ai constaté que malheureusement, de nombreux joueurs dansent encore tout seuls !

C'est vrai, les joueurs titrés ne font pas de terribles erreurs aussi souvent que les amateurs, et quand ils en font, c'est souvent pour des raisons différentes. Néanmoins, personne n'est immunisé contre la maladie de "la danse en solo"...

man with chess on head

Voici le premier paragraphe de l'article en question :

  • Lorsque je regarde une partie jouée par des joueurs classés 1500 ou moins, j'observe de nombreuses faiblesses, mais il en est une que l'on retrouve invariablement : les deux joueurs sont, dans une certaine mesure, en train de danser tout seul, chacun dans leur coin. Un joueur choisit un plan, calcule quelques coups, et, après avoir joué, se rend compte qu'il n'avait absolument pas imaginé la réponse de son adversaire.
  • Pourquoi ? Eh bien parce que ses calculs et ses attentes sont basés sur des fantasmes. Dans la tête du joueur en question se joue un monologue dont je vous tiens à peu près la teneur : "Il va là, je vais là, puis il fait ça, je joue ça, et je gagne ! Joli ! Je suis fort !"
  • C'est vrai, ça a l'air sympa. Mais quand le danseur fait ses petits calculs et son plan dans son coin, il oublie de réfléchir aux meilleurs coups de son adversaire. Il choisit de s'en tenir aux coups adverses qui le confortent dans son plan.

Il est normal que les joueurs au petit classement se laisse parfois piéger par des plans trop avancés pour eux. Cependant, il faut toujours faire de son mieux pour repérer les plans adverses. Quelque soit votre niveau, il faut toujours OUVRIR L’ŒIL. 

L'aveuglement se traduit souvent par une excellente idée positionnelle, réfutée parce qu'on a laissé une pièce en l'air... Ou parfois par le calcul d'une longue variante tactique qui nous assure la victoire, en oubliant qu'une de nos pièces est clouée. Ou un simple coup de développement standard qu'on doit ensuite rejouer car la pièce était simplement sur une mauvaise case.

Premier exemple

Souvent, on n'identifie pas les plans de son adversaire car on ne connaissait pas un certain concept. Tout le monde a vécu ce calvaire. Mais la félicité est au bout du tunnel, car on apprend beaucoup de ce genre de défaites.

J'ai eu la position suivante lors d'une partie d'entraînement disputée contre un nouvel élève. Comme la plupart des joueurs, il sait quoi faire dans certaines situations, mais pas dans d'autres. Il a trois principaux problèmes : Il laisse des pièces en l'air, il ne voit pas quand son roi est en danger, et il ne protège pas assez bien son centre de pions. Le seul moyen de résoudre ces problèmes, c'est de cent fois sur le métier remettre son ouvrage (oui, ça fait mal !) jusqu'à ce qu'un jour, tout soit intégré.

Deuxième exemple

C'est l'histoire d'un fou à qui on avait manqué de respect, et d'un cavalier oublié. S'il vous plait, assurez-vous de donner à vos pièces l’attention qu'elles méritent, elles vous le rendront bien ! 

Troisième exemple

Une simple case, c'est bien peu de choses. Ça semble même parfois insignifiant. Pourtant, cette "petite" case peut faire toute la différence entre une partie gagnée ou perdue.



Quatrième exemple

La structure de pions, c'est important. Mais si les blancs ne font pas attention, leur avantage va disparaître en un clin d’œil ! Il n'y a qu'un coup qui marche, parviendrez-vous à le trouver ?

EXERCICE 1

Cinquième exemple

Dans les cinq premiers coups s'est glissé une erreur sérieuse. Les deux joueuses, peu attentives, ne l'ont pas remarqué. Quelle est cette erreur, et quel camp l'a commise ? Un exemple qui nous montre qu'à tout moment de la partie, et quelque soit son niveau, il faut rester vigilant.

Les annotations sont de Pal Benko.

Sixième exemple

Les blancs viennent de jouer 23.T1c4, attaquant la dame noire. Par ce coup, les blancs perdent immédiatement la partie ! Pourtant, aucune des deux joueuses ne l'a vu ! Cherchez l'opportunité manquée :

EXERCICE 2

Septième exemple

Je me permets de recopier ici la prose de John Grefe, qui disputa en 1974 un tournoi en Bulgarie.

“Même les plus grands joueurs d'échecs font parfois des gaffes, mais il reste tout de même rare de toucher la mauvaise pièce et de devoir la jouer ! Cet incident s'est pourtant produit lors de deux rondes consécutives."

“Plus terrible encore, l'erreur de Szabo, qui, dans une position complètement gagnante, le priva de la troisième place ex-aequo."

Comme nous l'avons vu, à absolument tous les niveaux, tout le monde fait de terribles gaffes. Parfois, à cause d'un manque de connaissances, mais la plupart du temps, à cause d'un manque de concentration. Même les gaffes ahurissantes des grands-maîtres présentées dans le septième exemple étaient dues à un déficit d'attention (et sans doute à la fatigue).

Voici quelques raisons qui peuvent vous faire réaliser que vous n'êtes pas suffisamment concentré.

  • Vous êtes en zeitnot, vous n'avez pas le temps de tout regarder.
  • Si vous voulez aller discuter avec quelqu'un, vous risquez de jouer un coup un peu rapidement pour aller le (ou la) retrouver, gâchant ainsi votre partie.
  • Si vous ne prenez pas la peine de bien chercher les plans de votre adversaire, vous n'êtes pas concentré.
  • Si vous jouez trop vite alors que vous avez beaucoup de temps à la pendule, vous n'êtes pas concentré.
  • Votre épouse vient vous voir pour vous dire qu'elle a vidé tout votre compte bancaire... Vous n'êtes PLUS concentré.
  • Parfois, vous tomberez amoureux d'un coup qui vous semble complètement gagnant. Sans vous préoccuper de votre pauvre adversaire, vous allez jouer ce coup de rêve, sourire à pleines dents, et vous faire mater en un par votre adversaire. C'est là que vous réaliserez qu'encore une fois, vous n'étiez pas assez concentré !!
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