Articles
Utilisez-vous cette ressource déterminante aux échecs ?

Utilisez-vous cette ressource déterminante aux échecs ?

Gserper
| 70 | Tactique

Lorsque j'ai commencé à jouer aux échecs, mon club devait envoyer une équipe pour participer à une compétition nationale. Je dois préciser que, contrairement à l'équivalent américain, les compétitions nationales soviétiques étaient très compétitives et qu'il fallait se qualifier pour y participer. Comme j'étais pratiquement un débutant à ce moment-là, j'étais bien loin du compte.

Après le retour de l'équipe, notre entraîneur, Sergey Timofeevich Pinchuk, nous a raconté des histoires sur le déroulement du tournoi, à nous les enfants qui ne s'étaient pas qualifiés. L'une d'entre elles concernait un garçon qui n'avait qu'un an de plus que moi, mais notre entraîneur disait que celui-ci allait devenir non seulement Grand Maître, mais même un super Grand Maître. Nous avons alors demandé si cet enfant avait gagné le tournoi mais avons été très troublés lorsque l'entraîneur a répondu qu'il n'avait marqué qu'environ 50 % des points.

En réponse à nos questions, l'entraîneur a dit que son score n'avait pas d'importance : cet enfant possédait une compétence unique par rapport à la grande majorité de ses pairs. "Que faites-vous quand l'une de vos pièces est attaquée ?", a-t-interrogé, avant de répondre immédiatement à sa propre question : "Bien sûr, vous vous dépêchez de chercher une défense, en protégeant la pièce attaquée ou en la déplaçant sur une case sûre".

"Alors que cet enfant" - et l'entraîneur a fait une brève pause pour souligner l'importance de ce qu'il était sur le point de révéler - "a toujours cherché à contre-attaquer les pièces de son adversaire en premier et seulement si c'était impossible, il s'occupait de sa pièce en prise".

À vrai dire, au début, je n'ai pas réalisé la profondeur de ce simple concept, mais je me suis tout de même souvenu du nom du garçon. Plus tard, nous sommes devenus amis et, comme l'avait prédit mon entraîneur, Boris Gelfand s'est effectivement hissé au rang de super Grand Maître !

Boris Gelfand
Boris Gelfand, ici en 2018, était le challenger au titre mondial en 2012. Photo : Maria Emelianova/Chess.com.

L'adage selon lequel l'attaque est la meilleure défense est bien connu et utilisé dans de nombreux sports ainsi que dans la stratégie militaire. D'ailleurs, il y a plus de 200 ans, George Washington écrivait : "... faites-leur croire que les opérations offensives sont souvent le moyen de défense le plus sûr, voire le seul (dans certains cas)". Si ce concept est si bien connu, pourquoi n'est-il pas davantage appliqué dans les parties d'échecs ?

La réponse est simple : la psychologie humaine. Lorsque votre adversaire attaque une de vos pièces (en particulier une pièce aussi précieuse que la dame), vous raisonnez comme suit : "Oh non, ma dame est attaquée ! Est-ce que je vais la perdre ? Eh bien, il semble que je puisse la déplacer ici ou même bloquer l'attaque à l'aide d'un fou". Ce faisant, il est si facile d'oublier la devise "L'attaque est la meilleure défense". Il n'est pas surprenant que même les meilleurs joueurs du monde n'y pensent pas dans le feu de l'action. En voici un bon exemple :

Comme vous pouvez le voir, même un candidat au titre mondial a raté une contre-attaque ingénieuse. La position des noirs semblait totalement perdante quand l'inattendu 23...Fa6! a permis à Karpov de sauver les meubles et de remporter le tournoi !

Dans la partie suivante, un autre ancien champion du monde a manqué la même ressource :

Il ne faut pas croire que cette idée n'apparaît que dans les joutes disputées par les super Grands Maîtres. Voici une partie jouée par l'un de mes élèves :

C'était une belle nulle de combat, mais voici une question pour vous, mes chers lecteurs : les blancs ne pouvaient-ils pas gagner la partie instantanément en jouant 16.Ce6 ?

Maintenant, intéressons-nous à la célèbre partie du MI Rashid Nezhmetdinov. Tout d'abord, pouvez-vous trouver le dernier coup de ce chef d'œuvre ? Il n'a rien à voir avec notre sujet du jour, mais il est des plus esthétiques :

Revenons maintenant en arrière et regardons la position après 18...Rh8. Pourquoi les blancs n'ont-ils pas pris le pion d6, faisant ainsi une fourchette dame/tour ?

Comme vous pouvez le constater, bien que cette ressource soit un peu contre-intuitive, elle est très puissante. J'espère que vous pourrez l'utiliser dans vos parties !

Mieux connaître GM Gserper
Les échecs sont un art !

Les échecs sont un art !

Comment analyser ses parties

Comment analyser ses parties