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Carlsen bat MVL en Armageddon à l'issue d'un match de haute volée

Carlsen bat MVL en Armageddon à l'issue d'un match de haute volée

Colin_McGourty
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"Voilà ce qui se passe quand on joue la sicilienne à chaque partie !" Ce sont les mots de Magnus Carlsen à l'issue d'une finale de tableau principal très disputée (2-2 avant départage) face à Maxime Vachier-Lagrave. C'est finalement en Armageddon que le numéro mondial allait réussir à faire chuter le français. Il se qualifie donc pour la Grande Finale de vendredi.

Il affrontera soit MVL, soit un des deux vainqueurs du jour en consolante : Anish Giri, qui après avoir infligé un 2-0 à Hikaru Nakamura la veille, mettait le même tarif à Shakhriyar Mamedyarov, ou Ian Nepomniachtchi, qui a du s'employer pour venir à bout d'Alireza Firouzja en Armageddon.    

En division II, Vladimir Fedoseev affrontera Vladislav Artemiev en finale du tableau principal. Même s'il n'a pas complètement son destin entre les mains, il conserve donc toutes ses chances de qualification pour les grandes finales du Champions Chess Tour à Toronto. En division III, Rauf Mamedov s'est qualifié pour la grande finale en venant à bout d'Evgeny Alekseev

Le tournoi continue jeudi 28 septembre à partir de 20h30, heure de Paris.

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La retransmission du jour avec le formidable GMI Laurent Fressinet aux commentaires.

Division I

Il restait six joueurs en lice dans cette division. C'était la première fois que tous les participants jouaient depuis le même fuseau horaire.

Le programme était alléchant, avec la finale du tableau principal et les quarts de finale de la consolante.

Carlsen 3-2 Vachier-Lagrave

Le match commençait avec un léger retard pour lequel Carlsen faisait amende honorable : "J'ai un peu raté le début du match car je m'étais assoupi sur le canapé. J'étais très fatigué !"

Le norvégien se réveillait d'humeur combattive, et trouvait en Maxime un partenaire de jeu idéal. Dès la première partie, le français sortait sa traditionnelle sicilienne.

Le numéro un mondial optait pour une approche plutôt calme avec 3.Fb5, mais ne pouvait empêcher le chaos de gagner l'échiquier. Dès le 16ème coup, MVL sacrifiait un pion en d5. Carlsen refusait l'offre et tentait le risqué 17.Ff6!?.

Il sacrifiait finalement deux pions, mais conservait suffisamment de compensations pour tenir. En fin de compte, les deux hommes jouaient une partie quasiment parfaite, et la nulle était le résultat logique.

"Rien à signaler, juste une partie bien jouée des deux côtés" commentait plus tard Carlsen.

Dans la seconde, c'est lui qui choisissait la sicilienne, osant même la variante Najdorf face au meilleur spécialiste mondial de l'ouverture. Il avouait plus tard avoir tenté par ce moyen de prendre l'avantage psychologique sur son adversaire : "Je pense que je peux jouer toutes les positions. Dans ce cas, j'ai simplement tenté quelque chose qui me semblait intéressant sur le moment. Honnêtement, ce n'était pas si bon, mais je voulais juste proposer un gros combat, et c'était très sympa à jouer !"

Le norvégien devait pourtant dire adieu à l'un de ses pions dès l'ouverture. Avec les couleurs inversées, on l'aurait sûrement imaginé grand favori à la victoire.

Lorsque la commentatrice Tania Sachdev demandait à David Howell, bon ami de Magnus, si ce dernier essayait simplement de tenir la nulle, le GMI anglais répondait sans ambages : "Avec Magnus, on ne sait jamais. Il commence avec une mauvaise finale, puis il égalise, puis il joue le gain… C'est tout lui !"

Et le scénario prenait corps ! Maxime jouait l'impatient 27.a4!? et perdait le contrôle de la position. C'est finalement lui qui devait trouver des coups de cavalier extrêmement précis pour tenir la nulle.

Comment souvent en Champions Chess Tour, c'est la troisième partie qui allait être la première décisive.

Cette sicilienne, qui suivait les traces d'une partie Anand-Topalov jouée en 2005, était la plus violente vue jusque-là. Sans surprise, le numéro un mondial la connaissait, sans toutefois se souvenir de tous les détails :

"J'étais content de jouer une position aussi intéressante. Je ne m'attendais pas à ça, et pour être honnête, mes connaissances de cette ligne s'arrête à 2005-2006, quand Topalov l'a introduite à haut niveau. Je me souviens qu'il y avait une ligne dans laquelle les blancs donnaient la dame… Je n'avais aucune idée de l'évaluation, mais je me souvenais que ça existait. J'ai donc plongé là-dedans en espérant qu'il ne connaisse pas trop !"

A l'époque, Viswanathan Anand avait tenté un sacrifice de dame douteux (Carlsen s'en souvenait, et il suggérait même la première ligne de l'ordinateur comme alternative). Le norvégien choisissait la même chose en plus précis, et voyait son adversaire donner sa dame en retour.

Bien que les pions passés de Maxime se montraient extrêmement menaçant, Carlsen gérait mieux la finale qui s'ensuivait, et faisait tomber son adversaire dans un piège tactique qui mettait un terme brutal à la partie. Cette rencontre spectaculaire est notre partie du jour. La voici analysée pour vous ci-dessous par Rafael Leitao.

Carlsen n'avait désormais plus besoin que d'une nulle, mais ne parvenait pas à résister à la quatrième sicilienne de suite. Encore une fois, le combat était homérique, mais alors qu'il semblait avoir surmonté les principaux écueils de la position, le champion en titre trébuchait sur le dernier obstacle.

Après une réflexion trop longue pour être honnête, le norvégien se faisait seppuku en jouant 48...Tb6. Maxime n'avait alors qu'un seul coup gagnant, mais quel coup : 49.Qxa2# !

Il était donc temps de départager nos duellistes en Armageddon. Carlsen s'emmêlait un peu les pinceaux dans les enchères, et partait avec les pièces noires, mais un gros retard à la pendule.

Six minutes trente de retard, ce n'est pas un peu trop ? "C'est une question d'état d'esprit. Je n'avais pas envie de devoir essayer de gagner à tout prix. Je préfère être en défense, sans trop réfléchir. Avoir les noirs, ça m'allait bien !" répondait l'intéressé.

Cette fois, Magnus jouait la Caro-Kann. "Je ne voulais pas rejouer la ligne débile de la partie d'avant !" (sic) Et cela lui réussissait à merveille. La nouveauté 8.Db3?! proposée par Maxime semblait presque une erreur décisive en situation de victoire obligatoire. "Après ça, plus aucune chance de gain, ma position est trop solide." ajoutait le norvégien.

Vachier-Lagrave se retrouvait en difficulté, et sa seule chance de victoire finale résidait dans une victoire à la pendule. Mais aucune chance de faire vraiment réfléchir son adversaire ne se présentait. La nulle était conclue au 54ème, offrant une conclusion bien calme à ce combat fantastique, comme le résumait l'ancien champion du monde : 

"Souvent, je suis très dur avec moi-même mais aujourd'hui, j'ai fait des erreurs, il a fait des erreurs, nous avons tous les deux trouvé des ressources [...] Au final, c'était un très beau match d'échecs, avec de gros combats. Je pense que je suis capable de jouer encore mieux, mais je suis déjà content du résultat, surtout vu la complexité des positions."

Carlsen va maintenant bénéficier d'une journée de repos avant de jouer la Grande Finale vendredi, soit contre MVL, soit contre Giri, soit contre Nepomniachtchi. Et l'un de ces adversaires potentiels semble avoir sa préférence !

Je n'ai pas encore joué Anish cette saison, ce serait sympa !

Giri 2-0 Mamedyarov

Après avoir battu Nakamura 2-0 mardi, Giri prouvait une nouvelle fois qu'il était en forme en infligeant le même score à Mamedyarov, dont les ouvertures osées n'ont pas été fructueuses. "J'ai fait une bonne ouverture dans la première, mais je me suis ensuite trompé. Il est revenu dans la partie, mais elle a tourné à nouveau en ma faveur, sans doute car il manquait de temps pour défendre une position compliqué." analysait l'intéressé

Mamedyarov échangeait les pièces mineures, une erreur fatale qui le précipitait dans une finale de rois perdante.

Dos au mur, l'azéri sortait l'artillerie lourde dans la seconde, mais son choix de la défense scandinave le laissait presque perdant dès le 10ème coup. Dans une position très compromise, il proposait un sacrifice de tour un peu fou, mais contenant un méchant piège. Si Giri prenait avec le roi, alors 24...Fe4+! retournait la situation. Mais le batave n'est pas un lapin de six semaines. Il prenait de la dame et terminait instantanément le travail.

Quand on lui demandait si, en demi-finale de la consolante, il préférait affronter Firouzja ou Nepomniachtchi, qui l'a battu le premier jour, Giri répondait sans ambages : "La diversité, c'est la vie ! J'aimerais bien perdre contre quelqu'un d'autre que Ian, pour changer"

Le moins que l'on puisse dire, c'est que son souhait ne sera pas exaucé…

Nepomniachtchi 2-1 Firouzja

Une bataille sans merci entre deux joueurs au tempérament explosif. Dès la première, armé des pièces noires, Alireza lançait les hostilités sur des bases très élevées.

Nepomniachtchi semblait repousser la première vague, et même avoir des chances de victoire, mais le français reprenait un avantage décisif. Le dernier obstacle à franchir était celui du zeitnot. Le double challenger au titre mondial exploitait la situation à son maximum grâce à son jeu rapide, mais commettait des erreurs. Firouzja manquait bien quelques occasions de conclure, mais finissait par arriver à ses fins.

79.Tf3! fait nulle. En revanche, après 79.Rg3?? Tb2, Nepomniachtchi est perdu. Le russe se montrait ensuite très critique sur sa performance dans cette partie.

"La première partie est bonne à jeter ! Je me suis retrouvé à défendre une mauvaise finale, et dans une position théorique très connue, j'ai complètement oublié Tf3 pour attaquer le pion de côté. Les pions a et h ne peuvent pas jamais aller à promotion avec cette astuce, mais j'ai bêtement blitzé Rg3 avant de me rendre compte de l'erreur. Ca fait mal !"

Le match semblait déjà presque plié, Alireza prenant un départ parfait dans la seconde. Comme le commentait plus tard le taquin Giri : "Comment a-t-il pu perdre cette position ?" Encore une fois, la pendule faisait très mal au jeune français. Avec quelques secondes restantes, il gaffait sa dame et laissait Nepo revenir dans le match.

Coup dur pour le prodige d'origine iranienne, qui trouvait toutefois de magnifiques tactiques en Armageddon, et semblait à nouveau favori pour la victoire finale. Pourtant, c'est Nepo qui allait à nouveau briller en dernier, trouvant ce que les commentateurs allaient bientôt qualifier de "coup de la saison".

Nepomniachtchi restait modeste, qualifiant de coup de "simple percée thématique". Cette tentative désespérée était toutefois suffisant pour piéger le très tactique Firouzja.

Nous profiterons donc jeudi d'une revanche Nepomniachtchi-Giri. Le vainqueur affrontera MVL pour une place en Grande Finale face à Carlsen. Notons qu'il reste une place pour les grandes finales de Toronto. S'il remporte deux matches demain, c'est Nepo qui se taillera la part du lion.

Tableau - Division I


 
Un autre joueur peut également jouer les trouble-fêtes, et il est encore en course en division II.

Division II

Fedoseev peut encore rêver de Toronto ! Il gagnait sa demi-finale du tableau principal en battant deux fois Alexey Sarana avant d'annuler la troisième pour s'octroyer le gain du match avant la limite. Il affrontera au prochain tour Artemiev, vainqueur de son compatriote Dmitry Andreikin.

Andreikin affrontera donc Fabiano Caruana qui, comme Giri, a remporté son match sur un score parfait après sa défaite dans le tableau principal.

Tableau - Division II

Division III

L'azéri Mamedov a composté son billet pour la Grande Finale de division III en battant Alekseev sur le score 1,5 à 0,5 grâce à une victoire en 24 coups dans la seconde partie. Il jouera donc soit Alekseev, qui aura une deuxième chance, soit un jeune américain : Sam Sevian ou Ray Robson.

Tableau - Division III


Le Champions Chess Tour 2023 (CCT) constitue le circuit en ligne le plus important de l'année. Il est composé de six événements qui s'étalent sur toute la saison et se terminent par une phase finale en présentiel. Avec les meilleurs joueurs du monde et une dotation de 2 000 000 $, le CCT est le plus gros événement de Chess.com à ce jour.


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Colin McGourty

Colin McGourty led news at Chess24 from its launch until it merged with Chess.com a decade later. An amateur player, he got into chess writing when he set up the website Chess in Translation after previously studying Slavic languages and literature in St. Andrews, Odesa, Oxford, and Krakow.

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