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Championnat du Monde Fide : Un Carlsen aventureux évite l'accident
Les deux joueurs ont eu leur chance aujourd'hui. Photo : Eric Rosen/FIDE.

Championnat du Monde Fide : Un Carlsen aventureux évite l'accident

Tatiana-Flores
| 1 | Couverture d’événements d’échecs

Le champion du monde d'échecs en titre, Magnus Carlsen, et son challenger, Ian Nepomniachtchi, se sont retrouvés aujourd'hui pour le round 2 de leur duel pour la couronne mondiale avec cette fois le norvégien à la tête des pièces blanches. Après quelques surprises dans l'ouverture et des idées intéressantes - mais pas nécessairement précises - du numéro 1 mondial en milieu de jeu, suivies de réponses trop hâtives du russe, la deuxième partie s'est terminée par la nulle. La troisième manche se déroulera demain à partir de 13h30 avec un nouveau chassé-croisé de couleurs.

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La première partie du match conclue par une nulle en 45 coups avait laissé aux spectateurs un goût d'inachevé. Nepomniachtchi avait certes obtenu un léger avantage à la sortie de l'ouverture, mais des décisions précipitées avait permis à son rival de prendre l'ascendant. Celui-ci n'était toutefois pas significatif et la montagne avait accouché d'une souris. Nul doute que les spectateurs espéraient en voir davantage aujourd'hui. Malgré un niveau de jeu parfois bégayant, les duellistes leur ont offert de sérieuses raisons de s'enthousiasmer et de croire à un premier résultat décisif.

The players shaking hands ready to start their second fight of the match.
Une franche poignée de main avant de lancer les hostilités. Photo : Eric Rosen/FIDE.

Dès que les deux joueurs ont pénétré sur scène, tous les yeux se sont rivés sur le choix du premier coup de Carlsen pour sa première partie avec les pièces blanches. Les spéculations allaient bon train sur internet depuis la veille, mais 1.d4 demeurait favori. Le champion du monde avait en effet employé cette arme contre contre Fabiano Caruana lors de leur première partie avec les blancs durant la dernière défense de son titre en 2018. Certains espéraient cependant qu'il se montre audacieux en imitant Nepo avec 1.e4 et relèverait le défi d'une potentielle Nadjorf alors que d'autres, comme Daniel Rensch s'attendaient au plus patient 1.c4.

Les nombreux followers de Chess.com sur Twitter étaient quant à eux partagés :

Magnus Carlsen psychologically challenging his oponent
Carlsen, visiblement amusé par un choix qui n'est pas le sien. Photo : Eric Rosen/FIDE

Finalement, le norvégien ne nous pas a réservé de surprise d'emblée et Nepomnitchtchi a répondu par 1...Cf6 qui a entrainé 2.c4. Après quelques coups les deux joueurs évoluaient sur une ligne classique de la Catalane, ouverture fréquemment utilisée par Carlsen durant la Coupe du Monde FIDE 2021. Le numéro 1 mondial a poursuivi sur un rythme rapide tandis que Nepo semblait avoir besoin de prendre du temps. Cela signifiait d'après Fabiano Caruana que la préparation de Carlsen était excellente et il a ajouté : "Si Nepo reste dans la prépa de Magnus, sa position restera OK pendant un certain temps, puis il finira par faire face à l'ordinateur et ça ne sera assurément pas une bonne nouvelle pour lui."

Si Nepo reste dans la prépa de Magnus, sa position restera OK pendant un certain temps, puis il finira par faire face à l'ordinateur et ça ne sera assurément pas une bonne nouvelle pour lui.

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Au 11ème coup des noirs, la difficulté de Nepomniachtchi dans la position est devenue plus évidente car il lui a fallu un certain temps pour trouver sa réponse 11...Dd7, à 11.Cf3. Magnus a alors décidé de le forcer à prendre une décision concernant son cavalier d5 en jouant 12.e4 et, ici, le meilleur coup selon Caruana était "12...Cb4 si Ian ne voulait pas avoir son cavalier presque piégé et perdre tout contrôle à l'aile dame." Évidemment, le meilleur joueur russe a vu cela et, après 12...Cb4, le champion du monde, sans perdre une seule minute, a opté pour 12.De2, entrainant le tout aussi rapide 13...Cd3 des noirs.

Carlsen, fort de ses 1h42 minutes à la pendule contre 1h13 pour Nepo, s'est alors plongée dans ses pensées afin de décider de la marche à suivre. Il a finalement choisi l'énergique 14.e5, et nos commentateurs s'accordaient pour considérer que si sa préparation devait s'arrêter là, sa connaissance de la position était certainement très profonde. Toujours est-il que le challenger avait visiblement anticipé ce coup puisqu'il a rétorqué du tac au tac par 14...Fb7, conduisant à une position extrêmement tendue d'après Caruana.

Au 19ème coup, Magnus a proposé un second sacrifice de pion, pas du goût des moteurs d'analyse qui clamaient un léger avantage noir, mais notre invitée, Hou Yifan trouvait l'idée très intéressante. Il a ensuite fallu un long moment à Carlsen pour se décider pour 19.Cd6, induisant un futur sacrifice de qualité. Cependant, sur 19...Cb3, la façon doit il a choisi de la donner avec 20.Tb1 a une nouvelle fois contrarié les froides machines qui préféraient 20.Fe3.

Caruana a nuancé cette évaluation en faisant remarquer que les blancs avaient encore beaucoup de jeu. Après quelques échanges de pièces mineures, les deux joueurs comptaient moins d'une heure à la pendule et la position semblait plus prometteuse pour le challenger russe que pour le tenant du titre.

Au 27ème coup, une nulle commençait à se dessiner après quelques petites erreurs de Carlsen et des imprécisions de Nepomniachtchi. Parallèlement, de nombreuses variantes intéressantes que les blancs et les noirs auraient pu choisir, étaient débattues.

Au 31ème coup, la position était complètement égale et il était maintenant évident que Magnus, à défaut de profiter de sa préparation, avait évité le pire. Alors que le 40ème coup, synonyme d'incrément, se rapprochait, le souvenir désagréable des 12 nulles du dernier Championnat du Monde refaisait surface. Au 33ème coup, les joueurs avaient transposé dans une finale où le puissant cavalier de Magnus, agrémenté d'un pion compensait la tour noire. L'issue paraissait inéluctable même si les noirs devaient encore se montrer précautionneux d'après Caruana. 

Les joueurs, conscients que la partie âpre du combat était derrière eux, jetaient leurs dernières forces dans la bataille au cas où un relâchement adverse venait relancer les débats. C'est le coup 34.Rh3 qui a "réveillé" nos commentateurs qui s'attendaient à une fin plus monotone. Heureusement, Caruana était encore là pour expliquer cette subtilité :

Avec moins de quatre minutes à la pendule, le champion du monde en titre a tout de même réussi à créer quelques problèmes aux noirs et à ne laisser à Ian que des réponses inconfortables à ses coups. "Je pense que c'est aussi une question de fierté", a glissé Caruana. Au 39e coup, la tension entre les joueurs et dans la salle de jeu avait regagné les commentateurs et certainement les nombreux spectateurs derrière leur écran. Après un échange de pions, les deux joueurs ont reçu leur temps supplémentaire et le public a pu reprendre sa respiration. Nos deux gladiateurs, visiblement soulagés, en ont profité pour quitter l'arène pendant quelques minutes afin rassembler leurs pensées et planifier leur stratégie des prochains coups : les blancs comptaient un pion de plus dans une finale, nulle théorique.

Après être revenus devant l'échiquier, les joueurs ont joué assez rapidement, échangeant les dames avec 42...Df5+ 43.Dxf5 Txf5. Au 47e coup, Magnus avait réussi à prendre un peu d'espace, mais le trois contre deux n'offrait guère de perspective. La partie s'est poursuivie pendant un certain temps, le champion du monde, n'ayant rien à perdre à tester son rival : "Ça ne marchera pas sans l'aide de Ian, car la position est juste nulle.", expliquait Caruana.

Finalement, les deux joueurs se sont serrés la main après 58 coups, Caruana mentionnant que c'était tout de même un bon résultat pour les blancs (faisant référence au sacrifice de qualité de Carlsen pour une compensation insuffisante) et que Nepomiachtchi avait clairement manqué quelques occasions de mettre une grosse pression.

Another draw
Finalement, la seconde journée du Championnat du Monde s'est terminée par une nouvelle nulle. Photo : Eric Rosen/FIDE.
Le coup clé du jour : 18. ...Cac5
Avant ce coup, les blancs ont proposé aux noirs de s'emparer d'un second pion (en e5), ce qu'ils ont décliné avec 18...Cac5, un coup puissant, améliorant la position du cavalier a6 de manière significative. Par contre, 18....Cxe5 était contré par 19.Cg5 et les blancs attaquent le cavalier noir en e5 et pressurisent le pion e6, en plus d'avoir des idées à base de axb5 dans certaines lignes. Les noirs ont donc décidé de repositionner leur pièce la moins bien placée, tout en menaçant d'échanger les cavaliers et de simplifier la position, avec en bonus le thème Cb3 pour gagner une qualité, comme dans la partie. Passez en revue les moments clés de la partie, obtenez des explications de votre coach, réessayez à partir de vos erreurs, et bien plus encore, grâce à l'outil révolutionnaire de revue des parties de Chess.com.
Carlsen Nepo World Chess

Chess.com Game Of The Day Collection

Féd Nom Elo 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 Score
Magnus Carlsen 2855 ½ .½ . . . . . . . . . . . . 1
Ian Nepomniachtchi 2782 ½ ½ . . . . . . . . . . . . 1

Les joueurs étaient visiblement fatigués lorsqu'ils sont arrivés en conférence de presse. À la question de savoir ce qu'ils peuvent faire pour reposer leur cerveau après la partie, Nepomniachtchi a répondu, en souriant : "Rien. Vous pouvez vous promener et écouter de la musique, mais vos pensées sont toujours orientées sur le jeu." Magnus, quant à lui, a juste dit vouloir se préparer pour la prochaine partie. À l'idée qu'il pourrait avoir les blancs dans l'ultime joute car les couleurs ne seraient pas changées à mi-chemin dans ce Championnat du Monde, Magnus a simplement reconnu que cela pouvait être une bonne chose. Plusieurs questions ont été posées sur le choix de la Catalane et sur la manière dont Nepomniachtchi a réagi. Mike Klein de Chess.com a demandé à Nepomniachtchi s'il appréciait le traitement de luxe à Dubaï en tant que challenger, ce à quoi le joueur a répondu qu'il se souciait "plus des échecs que de tout le reste". Les deux joueurs ont semblé un peu plus détendus à la fin de la conférence de presse. Carlsen avait même encore un peu d'énergie pour botter en touche avec humour lorsqu'on lui a demandé de quel joueur d'élite, il apprécierait le plus les commentaires s'il n'était pas occupé à jouer lui-même : "Honnêtement, je m'en fiche", a-t-il répondu en riant, entrainant le public dans sa bonne humeur.

Enfin, découvrez l'analyse vidéo par nos commentateurs français de cette deuxième partie :


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Texte traduit et adapté en français par le MF Samy Robin.


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