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GCT de Roumanie - R6 : La journée des occasions manquées
A trois rondes de la fin, qui parviendra à accrocher le wagon Caruana ? Photo : Lennart Ootes/Grand Chess Tour.

GCT de Roumanie - R6 : La journée des occasions manquées

NM_Vanessa
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Alors que les joueurs entrent dans la dernière ligne droite du Superbet Classic de Roumanie, Fabiano Caruana mène toujours la danse. Il a pourtant gâché une belle opportunité de faire le break face à Alireza Firouzja lors de cette sixième ronde. Le jeune français s'en sort très bien et reste en seconde place, ex-aequo avec Wesley So et Richard Rapport.

So avait d'ailleurs d'excellentes chances de rattraper son compatriote en tête du tournoi, mais il sous-estimait son avantage face à Ding Liren et acceptait la nulle par répétition.

La septième ronde se déroulera samedi 13 mai à partir de 14h30.

Comment suivre l'évènement ?
Toutes les parties du Superbet Classic de Roumanie sont disponibles sur notre Page évènements. et à suivre en direct tous les jours à partir de 14 heures sur la chaîne de Kevin Bordi.

La sixième ronde nous offrait deux rencontres-clefs : celle entre le leader Caruana et son poursuivant Firouzja et celle entre So et le nouveau champion du monde. Les deux GMI américains obtenaient d'excellentes positions, mais ne parvenaient pas à convertir leur avantage.

Caruana - Firouzja

Grâce à un coup malin qui accélérait son développement, Caruana obtenait un avantage mince mais plaisant dans la partie anglaise Comment résoudre le problème d'ouverture des blancs ?

L'italo-américain mettait la pression sur l'aile dame adverse avec une tour en septième rangée, et conservait un léger avantage dans la finale tour+cavalier. Une position parfaitement dans le style de Caruana, qui pouvait presser sans risque et semblait devoir s'emparer du point. Las, le jeune trentenaire ratait une subtile ressource adverse et laissait son adversaire accrocher le partage du point.

Alireza a sauvé une position très difficile, et reste dans la course à la victoire finale. Photo : Lennart Ootes/Grand Chess Tour.

Firouzja expliquait à l'analyse post-mortem l'erreur de son adversaire : "Il a voulu finir trop rapidement. Après le 40ème, il a gaffé dès le premier coup. Cc4, me permet de forcer la répétition... La douche froide !"

Ding - So

Le champion du monde a joué avec le feu, laissant son roi au centre et proposant une conception ambitieuse dans la partie anglaise. So contrait par un sacrifice de pion bien senti pour ouvrir les lignes. Ses pièces lourdes dominaient bientôt le centre de l'échiquier, mettant le roi blanc sous pression.

Après une danse aux quatre coins de l'échiquier, la dame de Wesley atterrissait en g3, le point fragile de la position blanche, d'où elle menaçait le roi f1. Mais dans cette position critique, l'américain ratait une chance de maximiser l'attaque. Parviendrez-vous à faire mieux ?

Malgré ce raté, So prenait un bel avantage matériel, obtenant une tour et deux pièces mineures contre une dame et un pion. Mais alors que tout le monde s'attendait à voir le GMI d'origine philippine torturer son adversaire pendant des heures dans une position sans risque, il surprenait son monde en répétant la position trois fois juste après le contrôle du 40ème coup. 

Après la partie, l'américain se montrait très déçu d'avoir raté sa chance de battre un champion du monde, mais parvenait à prendre la chose avec philosophie : "Maintenant que j'ai l'évaluation sous les yeux, je me sens bien bête d'avoir répété les coups. Pendant la partie, je n'étais même pas sûr d'être mieux... Mais bon, c'est comme ça. Je suis professionnel depuis huit ans, c'était une journée comme une autre."

Toujours en seconde place, So ne compte pas laisser cette opportunité ratée gâcher son tournoi. Photo : Lennart Ootes/Grand Chess Tour.

Notre nouveau commentateur Varuzhan Akobian estimait que la décision de So était en grande partie psychologique : "Je pense que c'est lié à l'adversaire. Contre un GMI à 2600, je ne le vois pas répéter dans cette position. Il ne peut tout simplement pas la perdre, la nulle de sécurité était toujours là. Je pense que face à un adversaire du calibre de Ding, il a pensé qu'il perdait le contrôle et décidé de jouer la carte de la prudence."

Cette étonnante rencontre est notre partie du jour. A ce titre, la voici analysée ci-dessous par Rafael Leitao.

Vachier-Lagrave - Rapport

Maxime Vachier-Lagrave et Rapport nous offraient une bataille fascinante dans la française Winaver. Maxime tentait la nouveauté 10.f4!?, renforçant son centre et faisant roder des idées de f5. Mais cette avancée optimiste (8 poussées de pions sur les 10 premiers coups !) négligeait son développement et affaiblissait son roi. Un milieu de jeu tendu et thématique s'ensuivait. Les deux camps tentaient de se frayer un chemin sur les ailes pour contourner un centre désespérément fermé.

Avance rapide jusqu'à l'approche du quarantième coup : Les deux joueurs annihilent chacun une aile de l'échiquier : MVL a détruit l'aile roi des noirs, tandis que Rapport fait des ravages sur l'aile dame blanche. Mais la réalité douce-amère de ce type de positions, qui à l'œil humain semblent totalement fascinante, c'est que notre ami informatique les évalue souvent à 0.00...

Les deux hommes réalisaient bientôt que toute tentative trop véhémente pouvait mal tourner, et décidaient de résoudre le chaos ambient par une répétition.

Nepomniachtchi - Duda

Après deux défaites d'affilée, Ian Nepomniachtchi jouait la prudence avec les blancs pour reprendre la confiance avec une nulle. Face à lui, Jan-Krzysztof Duda prenait jusqu'à une heure de retard à la pendule, mais maintenait l'équilibre dans un milieu de jeu pion isolé contre pion isolé issu de la défense russe. Après quelques manœuvres subtiles, les deux joueurs reconnaissaient mutuellement le bon placement des pièces adverses et répétaient la position.

Deac - Giri

Dans une Najdorf très thématique, Bogdan-Daniel Deac et Anish Giri engageaient un duel pour le contrôle de l'avant-poste d5. Si le roumain jouissait d'un léger avantage tout au long de la partie, celui-ci apparaissait difficile à convertir. En post-mortem, il proposait quelques variantes, mais pour chacune, trouvait une ressource pour son adversaire.

Dans la position finale, le numéro deux roumain se montrait lucide : "Ici, je dois absolument répéter. Comme j'ai joué g4, je pourrais très vite me retrouver moins bien."

Après six nulles, Giri garde une chance de rejoindre le haut du classement lors des trois dernières rondes. Il affrontera le champion du monde, son récent challenger, et le leader du tournoi. Photo : Lennart Ootes/Grand Chess Tour.

Résultats - Ronde 6

Blancs Noirs
Vachier-Lagrave 1/2 - 1/2 Rapport
Deac 1/2 - 1/2 Giri
Ding 1/2 - 1/2 So
Caruana 1/2 - 1/2 Firouzja
Nepomniachtchi 1/2 - 1/2 Duda

Classement après la ronde 6

Après toutes ces nulles, le classement n'évolue pas, mais la dynamique a changée. Les opportunités ratées par Caruana et So vont-elles miner leur capital confiance ? Qui sera le plus déterminé des deux américains lors de la septième ronde ? Nous le saurons très vite, puisque les deux hommes vont s'affronter. So, qui conduira les pièces blanches, devra sauter sur sa chance de dépasser son compatriote.

Et que dire d'Alireza Firouzja ? Son expérience de mort imminente va-t-il l'inspirer pour la suite du tournoi ? Il aura deux fois les pièces blanches, et de sérieuses chances de victoire finale. Rapport, également dans le groupe de chasse, affrontera le plus petit Elo du tournoi avec les pièces blanches. Tout reste possible !

Appariments - Ronde 7

Blancs Noirs
Duda - Vachier-Lagrave
Firouzja - Nepomniachtchi
So - Caruana
Giri - Ding
Rapport - Deac


Toutes les parties de la ronde 6


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NM Vanessa West

Vanessa West is a National Master, a chess teacher, and a writer for Chess.com. In 2017, they won the Chess Journalist of the Year award.

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