Grand Prix FIDE de Berlin R6 : Nakamura dans la douleur
La dernière journée des phases de poule du Grand Prix FIDE de Berlin a été riche en suspens. Hikaru Nakamura rejoint Levon Aronian en demi-finale, les deux hommes ayant respectivement remporté les poules A et C. Dans une fin de journée extrêmement tendue, les nerfs craquaient et les erreurs se multipliaient, nous offrant des parties mémorables.
Radoslaw Wojtaszek et Wesley So rataient des opportunités en or de remporter leurs parties et de se qualifier directement pour les demi-finales. Ils devront respectivement affronter Richard Rapport et Leinier Dominguez en départages ce vendredi. Les russes Andrey Esipenko et Vladimir Fedoseev connaissaient une journée difficile, obtenant tous deux des positions supérieures mais ratant la conversion sous la pression.
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Cette sixième ronde a vu une tension rare sur les échiquiers cruciaux, ceux où la qualifications était encore possible. Nous vous proposons ces quelques pastilles pour vous mettre dans l'ambiance :
Grâce à sa science positionnel, Wojtaszek a obtenu un très bel avantage, et peut jouer de manière direct en attaquant le roi adverse resté au centre. Premier quizz : Quelle est la meilleure manière de progresser dans cette position ?
Face à un Nakamura peu inspiré, Esipenko a obtenu une position quasi-gagnante, et peut dans cette position forcer la décision grâce à une petite combinaison bien cachée. Parviendrez-vous à la trouver ?
Toujours dans son style très logique, So, a obtenu un avantage considérable et doit choisir dans cette position entre plusieurs plans possibles, tout en restant attentif à la sécurité de son roi. Entre les coups 29.Fh3, 29.Tc7 et 29.Dc5, quel est le plus indiqué ?
Pendant la quasi-intégralité du milieu de jeu, Fedoseev a dominé la colonne c, mais Rapport menace maintenant d'obtenir du jeu sur l'aile roi. Le russe doit-il se concentrer sur l'aile dame en jouant 43.a3 ou bien se fendre du prophylactique 43.g3 ?
Après avoir tranquillement conservé son avantage dans le milieu de jeu, Dominguez se retrouve à la croisée des chemins, la tour e2 menaçant de créer beaucoup de contre-jeu. Comment continuer ?
A l'entame de la quatrième heure de jeu, notre commentateur maison Daniel Naroditsky remarquait qu'après un début calme : "la température commençait à monter !"
Les diagrammes ci-dessus racontent l'histoire de cette ronde épique à travers ses moments marquants. Le lecteur attentif aura remarqué qu'à chaque fois, le joueur au trait bénéficiait d'un avantage positionnel non-négligeable. La gestion des nerfs et des émotions fut donc primordiale.
Poule A
Avec un demi-point de retard sur Nakamura, Esipenko devait battre le streamer américain pour se qualifier pour les demi-finales. L'avantage des pièces blanches rendait ce scénario tout à fait plausible pour le jeune russe.
Nakamura s'est montré très solide dans ce tournoi, et ne semblait pas devoir être inquiété par son jeune rival. Pourtant, il commençait à déjouer dès la sortie de l'ouverture :
Quand on lui apprenait l'existence de la ressource 26...Cb6 après la partie, Nakamura se fendait d'un laconique : "Ah, les ordinateurs ! Je n'en dirais pas plus..."
Ah, les ordinateurs ! Je n'en dirais pas plus...
— Hikaru Nakamura
Débarrassé de la pression de la qualification, Alexander Grischuk jouait une partie mouvementée face à notre Etienne Bacrot national. Le russe était mieux pendant longtemps, mais laissait le français s'échapper. Opiniâtre, il continuait son attaque et venait à bout des défenses d'Etienne, qui devait hélas s'incliner pour la troisième fois.
Les deux joueurs rataient de concert une combinaison superbe qui aurait offert la victoire aux noirs. Une partie loin d'être parfaite tactiquement, mais néanmoins divertissante :
Poule B
Le seul groupe où trois joueurs conservaient théoriquement des chances de se qualifier pour les demies. En gagnant, Wojtaszek et Fedoseev pouvaient rêver d'une qualification sans passer par les départages, tandis que Rapport devait espérer une nulle dans l'autre partie et gagner à tout prix. Avec un tel scénario, les parties étaient sans surprise très tendues :
Le sort de la partie Fedoseev-Rapport se décidait dans des circonstances tout aussi spectaculaires :
Poule C
Aronian-Dubov se terminait rapidement par la nulle, non sans une contribution cocasse d'Alexander Grischuk. Alors que les deux joueurs allaient se serrer la main suite à une triple répétition, ils décidaient de répéter la position... une quatrième fois !
Durant la conférence de presse, Daniil Dubov revenait sur l'incident, expliquant que Grischuk leur avait fait remarqué que dans la première position, les noirs pouvaient encore jouer grand roque, et que par conséquent, cette position n'était pas similaire aux suivantes. C'est donc armé de ce savoir que les joueurs ont décidé de répéter la position une quatrième fois (ou officiellement, une troisième). Pince-sans-rire, le russe saluait son compatriote, "le seul joueur à connaître les règles !"
Lorsqu'on lui demandait ce qu'il pensait d'un éventuel futur affrontement contre un compatriote, Aronian commentait : "Ce sont d'anciens américains, moi un nouveau. Je dois prouver que je peux être aussi fort qu'eux, voire meilleur."
Ce sont d'anciens américains, moi un nouveau. Je dois prouver que je peux être aussi fort qu'eux, voire meilleur..
— Levon Aronian
Poule D
A la mi-temps, Wesley So semblait en ballottage très favorable avec une position préférentielle face à Harikrishna :
Dominguez se retrouvait donc avec une chance inespérée de revenir au score. Il se montrait à la hauteur de l'occasion en venant à bout de Shirov avec brio :
La partie du jour, par le GMI Dejan Bojkov
Résultats
Toutes les parties de la ronde 6
Le Grand Prix FIDE de Berlin est la première étape d'un circuit en trois manches. Il se déroule du 4 au 17 février. Retrouvez notre diffusion en direct tous les jours à partir de 15 heures, heure de Paris.
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