MVL face à son destin à Jérusalem
Trois petits jours après la fin de ses aventures londoniennes, Maxime Vachier-Lagrave s'apprête déjà à retourner dans l'arène, si notre gladiateur tricolore ne mettra pas directement sa vie en jeu, sa carrière quant à elle prendra un virage décisif. Lutte pour le titre mondial ou nouveau contre-temps, telles sont les deux faces de la pièce dont Maxime va tâcher de maîtriser la chute à Jérusalem.
Le français, alléché par un avant-goût flatteur d'un match avec Magnus Carlsen, devra montrer la même résilience pour rêver à chiper la couronne de l'ogre norvégien. L'Histoire s'écrira donc à partir de ce mercredi 11 décembre dans cette ultime joute du Grand Prix de Jérusalem qui viendra clore une saison riche en émotions et en rebondissements pour Maxime. Après avoir humé l'odeur du sésame de près durant la Coupe du Monde, terminée avec la médaille de bronze - première place non qualificative, tout proche au élo derrière Anish Giri, absent à l'Open Isle of Man, est venu le temps de la dernière chance du français.
MVL est virtuellement qualifié sur la grille de départ grâce à une solide place de dauphin derrière le leader incontesté et vainqueur à Hambourg le mois dernier, Alexander Grischuk dont le statut d'acteur doit laisser place à celui de spectateur.
Avant de faire des calculs d'apothicaires, remémorons-nous le système de points :
À la vue de ces deux tableaux, on pourrait supposer que Grischuk sera à-même de se prélasser, avec pop-corn et cocktail devant son ordinateur pour suivre les performances de ses concurrents. Seulement, le tirage au sort, effectué lors de la cérémonie d'ouverture ce mardi, en a décidé autrement ! Une finale Mamedyarov-MVL - en faveur de l'azéri et avec dans leurs escarcelles respectives quelques points bonus - est devenue un scénario plausible dans lequel le russe serait le dindon de la farce ! Ce n'est évidement qu'une hypothèse parmi des centaines possibles mais elle n'est pas si improbable, pour preuve, c'est exactement ce qui s'est déroulé au Grand Prix de Riga en juillet ! Rassurons le roi des bons mots en conférence de presse, si une telle tragédie russe venait à se produire, Grischuk aurait droit à une séance de rattrapage patriotique en compagnie de Nepomniachtchi et d'Alekseenko pour se disputer la wild-card.
Ce scénario serait décidément le cauchemar de toute une nation puisque le fantasque Nepo en subirait lui aussi les dommages collatéraux :
Le hasard a été plutôt clément avec nos trois protagonistes qui jouent leur peau à Jérusalem. MVL retrouvera au premier tour sa victime préférée de ce circuit des Grands Prix en la personne de Veselin Topalov. Maxime a déjà battu l'ancien champion du monde à deux reprises à Hambourg et à Riga, à chaque fois en classique et avec les noirs, soit deux précieux points bonus engrangés. Ne vendons cependant pas la peau du Topalov avant de l'avoir maté, bien qu'en état de semi-retraite, le bulgare demeure capable de fulgurances comme en témoignent ses deux qualifications au dépens de Nakamura dans les étapes précédentes. Et puisque c'est l'instant dicton, gageons que celui du jour sera le propice "jamais deux sans trois !".
En cas de passage en 1/4 de finale, Maxime retrouverait sur sa route le vainqueur du match entre Wojtaszek - d'ailleurs pas à 100% hors course en cas de conte de fée polonais - et le russe Andreikin - remplaçant du remplaçant - deux adversaires coriaces mais à la portée du numéro un tricolore.
Intéressons-nous maintenant aux concurrents directs de MVL, tout d'abord Nepo, puisqu'ils pourraient se retrouver dans une demi-finale qui sentirait la poudre... mais n'allons pas trop vite en besogne.
Le russe - sur courant alternatif - entre génie et gaffes, parfois décrié pour sa façon de jouer trop rapide, un peu à l'image d'un Maxime d'ailleurs, partira largement favori au 1er tour face à Boris Gelfand et ses 51 ans. La marche suivante qui l'opposerait à Wesley So ou à l'outsider chinois Yu Yangi s'annoncerait déjà bien plus périlleuse.
Enfin, tout en bas du tableau, se trouve Shaktyar Mamedaryov. L'azéri fera son entrée dans la compétition face au solide russe Jakovenko qui devrait trouver la motivation dans un élan de "service à la nation". Souvenons-nous qu'il avait été à deux doigts d'éliminer Maxime pendant la Coupe du Monde - preuve de sa dangerosité en format à élimination directe - avant de craquer in-extremis.
Découvrez dans son intégralité le tableau de la compétition :
À noter les forfaits dans cette ultime étape de Levon Aronian et du vainqueur de la Coupe du Monde, Teimour Radjabov, tous deux excusés pour raisons médicales, saupoudrées d'absence de motivation, l'un d'ores et déjà éliminé, l'autre qualifié. Leurs substituts de dernière minutes, le chinois Wang Hao, vainqueur surprise de l'Open Isle of Man et donc futur candidat et le russe Andreikin pourraient jouer un rôle d'arbitre à distance.
Maxime débutera avec les pièces noires face à Topalov ce mercredi à 14h, espérons que le français ait eu le temps de récupérer de son éprouvante semaine à Londres et qu'il arrive gonflé à bloc. Son succès contre le champion du monde et son "bon pour le moral 3 à 0" en blitz contre son bourreau en finale Ding Liren devraient œuvrer en ce sens ! Un œil attentif sera évidemment de mise sur les parties de Mamedyarov et Nepomniachtchi mais le français doit compter avant tout sur lui-même et se concentrer sur son jeu plutôt que d'espérer un faux-pas des autres.
Un dernier détail en cas d'égalité de points à l'issue du Grand Prix, c'est le nombre de premières places qui départagera les concurrents, les trois adversaires directs de Maxime ayant remporté les trois premières étapes, le français devra donc s'assurer d'un matelas d'au moins un point.
L'action sera évidemment à suivre sur notre chaîne en direct tous les jours de compétition impliquant Maxime, avec aux manettes Kevin Bordi, accompagné du GMI Fabien Libiszewski et à l'occasion des lumières du GMI Matthieu Cornette.
Alors nous comptons sur vous pour venir encourager Maxime dans la dernière ligne droite de la quête de toute une saison, le tournoi des candidats 2020, c'est maintenant ou jamais !