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La finale commence calmement, Keymer bat le champion du monde
Nulle entre Caruana et Carlsen, mais pas sans occasions de but ! Photo : Maria Emelianova/Chess.com.

La finale commence calmement, Keymer bat le champion du monde

Colin_McGourty
| 0 | Couverture d’événements d’échecs

Le numéro un mondial Magnus Carlsen aurait-il raté sa chance ? Toujours est-il qu'il ne sort qu'avec la nulle de son premier affrontement contre Fabiano Caruana en finale du Freestyle Chess G.O.A.T. Challenge. Tandis que Levon Aronian se sauvait in-extremis de la défaite contre Nodirbek Abdusattorov dans le match pour la troisième place, Alireza Firouzja et Vincent Keymer faisaient subir leur loi à Gukesh Dommaraju et Ding Liren.

Dernière journée de ce palpitant tournoi vendredi 16 février à partir de 13 heures, heure de Paris.

Deux parties décisives dans cette avant-dernière journée, mais les matchs les plus importants se terminaient sur un score de parité. Pourtant, que d'aventures !

Résultats du premier jour des finales


Caruana ½-½ Carlsen

Caruana et Carlsen, les inséparables du top mondial. Photo : Maria Emelianova/Chess.com.

Les tournois d'échecs 960 (ou freestyle chess) sont une relative nouveauté, mais ils ne changent pas en profondeur la hiérarchie mondiale. Après un départ en dent de scie, Carlsen a retrouvé sa domination habituelle, tandis que Caruana a montré un niveau de jeu qui rappelle celui qui a fait de lui LE joueur de 2023. Comme lors de leur match pour le titre mondial en 2018 (les deux hommes étaient alors déjà numéro un et deux mondiaux), il est très difficile de les départager. A l'époque, ils avaient fait douze nulles de suite en parties classiques. De quoi s'attirer les quolibets de certains !

Comme toujours aux échecs 960, il est difficile de prévoir les premiers coups. Notre commentateur hongrois Peter Leko en a fait les frais lorsqu'il affirmait que Carlsen ne copierait pas le 1...g6 de Ding... Vous imaginez la suite !

D'après Carlsen lui-même, "la position de départ avait l'air si solide que n'importe quel coup censé pouvait être bon." Le norvégien prenait son temps, proposant la jolie manœuvre de cavalier Cg8-f6-d7 avant de mettre un pion en f6 pour restreindre le cavalier adverse. Le coup 5.b3!? de son adversaire était qualifié de "probable erreur structurelle", et bientôt, on s'intéressait à l'ampleur de l'avantage noir.

Les deux joueurs rataient cependant quelques nuances. Lorsque Caruana jouait 17.Fxe6?! avec l'objectif clair de filer vers une nulle rapide, Carlsen répondait par le coup le plus naturel du monde : 17...Fxe6?!. Et pourtant, c'est le coup 17...Txe6! qui lui aurait donné de vraies chances de victoire ! Lorsqu'on lui montrait le coup après la partie, le numéro un mondial le comprenait instantanément, évoquant un problème "d'angle mort". "Je n'y ai même pas pensé ! Si seulement j'avais réfléchi plus d'une seconde avant de reprendre…"

A part quelques ratés, les deux hommes peuvent raisonnablement se montrer satisfait de ce premier assaut. Carlsen déclarait pourtant se sentir "plutôt mal et sans énergie depuis le matin" et refusait de prendre des risques, tandis que Caruana avait compris dès le milieu de jeu qu'il était en danger.

"J'ai senti que stratégiquement, j'avais une position risquée. Ses pièces étaient meilleures que les miennes, mon cavalier f3 était mal placé, mon roi plus vulnérable… Mon erreur, c'est d'avoir pensé que comme il ne pouvait pas roquer facilement, son roi serait faible, mais il était en réalité très solide en b8, et je n'avais pas de faiblesses à attaquer. J'ai alors espéré lui poser des problèmes tactiques, mais sans résultat."

La partie de demain (et les possibles départages qui suivront) décideront du vainqueur des 60 000$. Enfin, si l'argent n'a pas disparu d'ici là ! Pour le moment, nos commentateurs gardent un œil attentif sur le pactole…

Si nous venions d'assister à la partie la plus calme de la semaine, les autres échiquiers nous offraient beaucoup plus de spectacle.

Abdusattorov ½-½ Aronian

On aurait pu le croire dépité, mais Abdusattorov ne manque pas d'humour ! Photo : Maria Emelianova/Chess.com.

Abdusattorov et Aronian se battent pour 10 000$ (le troisième gagne 30 000$, le quatrième 20 000$). Dans une première partie très intense, le jeune ouzbek prenait le dessus sur le vieux renard en zeitnot. Mais la suite allait nous prouver que, comme le dit l'expression consacrée, "toutes les finales de tour sont nulles". La position-clef de la partie n'apparaissait jamais vraiment sur l'échiquier :

Aronian semblait complètement perdant, mais il avait compris qu'en prenant g4, il pouvait forcer la nulle. En effet, si les blancs reprennent, c'est pat !

Voilà pourquoi 46...Rc4!! est un coup de génie. Et une sacrée douche froide pour un Nodirbek qui devait déjà se voir vainqueur...

La consolante nous offrait elle deux parties décisives.

Firouzja 1-0 Gukesh

Firouzja : "On dépense beaucoup moins d'énergie avant la partie, mais beaucoup plus pendant. C'est tout l'intérêt des échecs 960 !" Photo : Maria Emelianova/Chess.com.

Firouzja était tout proche de la demi-finale il y a quelques jours contre Carlsen, mais se retrouver en consolante a aussi ses avantages ! Comme il le dit lui-même : "On peut jouer ambitieusement sans crainte du résultat !"

On peut jouer ambitieusement sans crainte du résultat !

—Alireza Firouzja

Firouzja et Gukesh sont en forme, et leur affrontement promettait une belle empoignade tactique. C'est sans surprise notre partie du jour, analysée ci-dessous pour vous par le GMI Rafael Leitao :

GM Rafael Leitao GotD

Mais il y a bien un joueur qui n'a jamais trouvé son rythme à Weissenhaus...

Keymer 1-0 Ding

Carlsen observe son successeur en grande difficulté. Photo : Maria Emelianova/Chess.com.

Le champion du monde n'a toujours pas gagné la moindre partie, et subissait ce jeudi sa neuvième défaite de la semaine. Dès le quatrième coup, il commettait une sérieuse bourde positionnelle. Au 16ème coup, Keymer trouvait 16.Dg1!, et la messe était dite. Formidable en calcul lorsqu'il est en forme, Ding n'opposait ici presque aucune résistance :

Keymer n'est plus qu'à une nulle de la septième place, maigre récompense au regard de la qualité de son jeu cette semaine.

Le tournoi se terminera vendredi. Les éventuelles égalités en classique seront départagées en rapide, en blitz, et éventuellement en Armageddon.


Le Freestyle Chess G.O.A.T. Challenge se déroule du 9 au 16 février 2024 dans le Weissenhaus Private Nature Luxury Resort, en Allemagne. Toutes les parties se jouent aux Échecs 960. La compétition commence par un tournoi rapide de sept rondes qui décidera des appariements du tournoi classique à élimination directe avec des matchs en deux parties. En cas d'égalité, les joueurs sont départagés par deux parties rapides en 15+10, puis, si nécessaire, par deux blitz en 5+2, et enfin si besoin par des blitz en 5+2 jusqu'à ce qu'un joueur l'emporte. La dotation totale est de 200 000 dollars, dont 60 000 dollars pour la première place.

Où regarder ?
Suivez le Freestyle Chess G.O.A.T. Challenge tous les jours sur la Chess.com/TV. Vous pouvez aussi profiter de nos shows en direct sur nos chaines Twitch et voir toutes nos retransmissions sur YouTube.com/Chess24. Les parties sont disponibles sur notre page événement.

La retransmission du jour 5 avec aux commentaires Kévin Bordi et le GMI Laurent Fressinet.


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Colin McGourty

Colin McGourty led news at Chess24 from its launch until it merged with Chess.com a decade later. An amateur player, he got into chess writing when he set up the website Chess in Translation after previously studying Slavic languages and literature in St. Andrews, Odesa, Oxford, and Krakow.

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